« On ne fait pas ça pour accueillir moins de politiques, mais il était temps aussi de mettre des règles », indique Arnaud Lemoine, directeur du Ceneca, la structure propriétaire du Salon de l’agriculture. À la veille de l’ouverture du Salon, qui se déroule durant deux semaines du 21 février au dimanche 2 mars, la sécurité est de rigueur. L’objectif, éviter l’agitation de l’année passée lors de la visite protocolaire d’Emmanuel Macron à l’occasion de l’ouverture du Salon. Les organisateurs avaient dû fermer, temporairement, l’accès au public en raison des violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.
La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, se rendra également au Salon avec à son actif le projet de loi agricole (lire ici) définitivement adopté par le Parlement. Avec ce texte, le gouvernement entend envoyer un signal fort aux syndicats qui réclament moins de normes et une souplesse administrative. La principale revendication de la FNSEA, le « pas d’interdiction de pesticides sans solution », est intégrée dans le texte. Le syndicat a salué dans un communiqué « un élément de réponse important aux attentes exprimées par les agriculteurs ».
Cependant, le nouveau président du Salon, Jérôme Despey, estime qu’il faut prendre les mesures nécessaires pour éviter tout débordement.
25 personnes maximum par délégation
Dans un entretien à l’AFP, le nouveau président explique : « Le Salon, ce sont 82 visites protocolaires. Les délégations de partis politiques pouvaient atteindre 30, 40, 60, 80 personnes. Ce n’est plus possible ».
Malgré cette nouvelle limite de 25 personnes par délégation, de nombreux responsables politiques et partis ont annoncé leur présence. Dès le lendemain de la visite du président de la République, Jordan Bardella et Edouard Philippe se présenteront à la Porte de Versailles. Ils pourront venir saluer « Oupette », la vache de race limousine, égérie de cette édition. Lundi, le Premier ministre François Bayrou est attendu dans les allées du Salon.
Les députés de la commission des affaires économiques déambuleront quant à eux le lendemain, en présence de François Ruffin et Fabien Roussel. Le Parti socialiste a annoncé la venue d’une délégation autour d’Olivier Faure le mercredi. L’ancien Premier ministre Michel Barnier a également confirmé sa présence ce jour-là.
Après la visite des sénateurs de la commission aux affaires économiques prévue le jeudi, le président du Sénat, Gérard Larcher, viendra clôturer les visites officielles lors des derniers jours du Salon.
« Pas plus d’une journée de visite »
« Et quels que soient les partis politiques, quels que soient les ministères, pas plus d’une journée (de visite), et on évite les tractages pour les partis », prévient Jérôme Despey.
Cependant, deux personnalités semblent se jouer du protocole en annonçant leur venue à deux reprises durant le Salon. Sur son site, le Rassemblement National annonce la venue de son président, Jordan Bardella, le 23 et 24 mars. Michel Barnier devrait également se présenter deux jours d’affilée.
Seule la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, ne fait l’objet d’aucune restriction quant à ses visites.
Le Maroc, invité d’honneur
« J’ai regardé au niveau européen et, dans tous les salons, le volet international des échanges est mis en avant. On ne peut pas rester renfermés sur nous-mêmes. On le voit avec la dégradation de notre balance commerciale qui pèse sur notre agriculture », explique Jérôme Despey.
Cette année, le Salon propose un regard sur une autre agriculture : celle du Maroc, qui est l’invité d’honneur de cette édition. C’est la première fois que l’organisation du Salon met en place ce dispositif. Le royaume chérifien s’installera dans un pavillon de 476 m2 avec une centaine de personnes dans sa délégation.
Mais cette invitation suscite des mécontentements. Les principaux syndicats français dénoncent la concurrence déloyale, notamment en ce qui concerne les tomates marocaines. Plusieurs manifestations sont prévues pour protester contre les accords de libre-échange avec le Maroc.
Ce sujet n’est pas s’en rappeler la crise des agriculteurs, qui avait débuté il y a un peu plus d’un an, quelques semaines avant l’ouverture du Salon de l’agriculture. À l’époque, la colère des agriculteurs était déjà liée, en partie, aux accords de libre-échange.
Sur Franceinfo, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a souligné l’excès d’importation de fruits et légumes en France. « Il faut lutter contre les concurrences déloyales et si besoin rétablir des relations équilibrées », a-t-elle déclaré.
Des départements absents du Salon
Plusieurs départements seront absents de cette édition du Salon. Le Lot, la Haute-Garonne ou encore le Gers ont renoncé à installer leur stand. En cause : les restrictions budgétaires imposées aux collectivités, qui ne peuvent plus lever les dizaines, voire les centaines de milliers d’euros que coûtent les emplacements.
Néanmoins, la présence d’autres collectivités telle que l’Occitanie permettra de défendre les couleurs de ses départements absents. Certains redoutent que de grands groupes, disposant de capacités financières plus importantes, remplacent progressivement les stands laissés vacants.
En milieu de semaine, le commissaire européen Christophe Hansen, se rendra au salon. Quelques jours après la présentation de la feuille de route de Bruxelles pour le secteur agricole et agroalimentaire, qui envisage de simplifier la PAC et de limiter l’importation de produits non-conforment sur le plan environnemental, la visite du commissaire européen promet de créer de nombreuses discussions.