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Retraites, budget de la transition écologique, fiscalité : les Ecologistes fixent leurs conditions d’une non-censure du gouvernement Bayrou

Ces 8 et 9 janvier, les députés, sénateurs et eurodéputés Ecologistes sont réunis à Rennes à l’occasion de leurs journées parlementaires. Habituellement organisé au mois de septembre, le rendez-vous a été remis à plus tard, face à l’instabilité de la situation politique. Cinq mois après, celle-ci n’a pourtant pas beaucoup changé.

La veille de leur rencontre dans la capitale bretonne, les responsables écologistes avaient rendez-vous à Bercy pour un échange avec les ministres de l’Economie et des Comptes publics, avant la reprise de l’examen du budget. Dans la soirée, un second échange a été organisé au ministère avec l’ensemble des groupes parlementaires de gauche, à l’exception de La France insoumise.

« Aujourd’hui, force est de constater qu’aucun élément ne nous empêcherait de voter la censure »

Au cœur de ces âpres négociations avec le gouvernement, ces journées parlementaires tombent finalement plutôt bien, remarque la secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier : « C’est l’occasion de discuter entre nous, de vérifier que nous sommes bien tous coordonnés pour enchaîner le saut d’obstacles qui nous attend ».

Coordonnés, les parlementaires écologistes le sont. Dans le cadre de la reprise des discussions budgétaires, tous mettent en avant trois sujets sur lesquels le gouvernement Bayrou devra faire d’importantes avancées, s’il veut éviter la censure. Première exigence : l’abrogation de la réforme des retraites. « Il suffirait à François Bayrou d’annoncer l’arrêt de cette réforme, pour permettre un peu plus de sérénité », demande le président du groupe écologiste au Sénat Guillaume Gontard.

Un dossier sur lequel les discussions à Bercy peinent à déboucher. Si François Bayrou a déjà annoncé au mois de décembre la réouverture des discussions sur la réforme, dans l’objectif d’aboutir à un nouveau compromis entre partis politiques et partenaires sociaux, il n’est pour le moment pas question d’une suspension du recul de l’âge de départ. « Si le gouvernement veut la stabilité, il va falloir qu’il bouge, notamment sur la question des retraites. Mais aujourd’hui, force est de constater qu’aucun élément ne nous empêcherait de voter la censure. »

Au-delà des retraites, des exigences en matière budgétaires et fiscales

Si la réforme des retraites est au cœur des discussions entre la gauche et le gouvernement, son abrogation n’est pas la seule condition de non-censure posée par les Ecologistes. « C’est un sujet absolument nécessaire, mais pas suffisant. Pour qu’on puisse considérer que le groupe ne voterait pas la censure, il y a aussi la question de l’arrêt des coupes budgétaires sur l’ensemble des politiques environnementales », indique la présidente du groupe à l’Assemblée Cyrielle Chatelain, « il faut redonner des moyens pour les transports en commun, pour le plan vélo, pour la rénovation énergétique des bâtiments… ».

Sur ce sujet non plus, pour les parlementaires du parti, le compte n’y est pas. Stoppé net par la censure du gouvernement Barnier, l’examen du projet de loi de finances devrait reprendre le 15 janvier, là où il s’était interrompu au Sénat. « Si c’est le budget du Sénat qui est adopté, on est sur une très forte régression des sujets environnementaux », déplore Cyrielle Chatelain.

Avec le retour des discussions budgétaires, les écologistes demandent aussi un effort du gouvernement en matière de fiscalité, pour trouver des recettes supplémentaires nécessaires au financement des services publics. « La justice fiscale, c’est un sujet qui peut faire consensus, on l’a bien vu lors des débats au Sénat », note Guillaume Gontard. Au mois de novembre, une série de mesures fiscales venues des bancs de la gauche sénatoriale, avaient en effet été votées, parfois contre l’avis du gouvernement. Elles ont toutefois été largement effacées du texte adopté par la chambre haute, en raison d’une seconde délibération demandée par le gouvernement sur plusieurs d’entre elles, avant le vote final du texte.

Des désaccords profonds de méthode avec La France insoumise

Sur le fond, les exigences des écologistes pour ne pas censurer le gouvernement de François Bayrou semblent ainsi très proches de celles des autres partis du Nouveau Front populaire. Sur la méthode, toutefois, le fossé entre le parti – aligné le Parti socialiste et le Parti communiste – et La France insoumise semble se creuser à mesure que les négociations progressent. Ce 8 janvier, Jean-Luc Mélenchon a fustigé dans un tweet la « servilité » des socialistes, écologistes et communistes, réunis à Bercy pour de nouveaux échanges avec les ministres. « La gauche traditionnelle n’a rien à offrir et ses négociateurs sont juste ridicules de servilité », a-t-il dénoncé.

« Tout ce qui est excessif est insignifiant, surtout dans la période que nous traversons », lui répond Marine Tondelier en marge des journées parlementaires. Au-delà des tacles répétés que s’échangent les différentes forces de gauche ces derniers jours, les écologistes reconnaissent désormais une véritable divergence de méthode avec les insoumis. « Notre position est claire, nous sommes dans l’opposition. Mais dans le contexte actuel grave, il nous semble normal de répondre à la proposition d’échange du gouvernement et de prendre, sans naïveté, les espaces qu’on nous donne pour défendre nos idées », explique Cyrielle Chatelain.

Parfois considérés comme médiateurs entre la ligne insoumise et socialiste, les écologistes jugent en tout cas sévèrement la position des premiers. « On se trompe vraiment en considérant qu’il y aurait d’un côté les radicaux purs et de l’autre les traitres. Il peut y avoir de la trahison dans la pureté, si celle-ci n’amène aucune amélioration à la vie des gens », observe la sénatrice écologiste Mélanie Vogel. « Je crois que le chemin le plus utile pour les citoyennes et citoyens, c’est celui d’essayer, dans les conditions abominables dans lesquelles nous nous trouvons, d’obtenir le meilleur », ajoute-t-elle. Les écologistes attendent désormais le discours de politique générale du Premier ministre, prévu le 14 janvier à l’Assemblée nationale, pour décider ou non d’une censure immédiate. « Nous jugerons sur pièces », résume Marine Tondelier.

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