« Bonjour Facebook, je suis Barack Obama et je suis celui qui a fait porter à Mark Zuckerberg une veste et une cravate »… Depuis l’élection du président démocrate à la Maison Blanche en 2008, il est évident que les réseaux sociaux jouent un rôle capital dans une élection, notamment en Amérique. Et si Barack Obama s’en amuse lors d’une conférence aux côtés de Mark Zuckerberg, les politiques sont redevables du jeune créateur de Facebook, et de sa plateforme, lancée en 2004, leur permettant de faire passer des idées, de fédérer des sympathisants.
Facebook, un outil pour gagner des campagnes électorales
Comme le souligne Fred Turner, professeur à l’université de Stanford dans le documentaire « Mark Zuckerberg, l’empereur de Facebook », désormais, tous les leaders politiques viennent dans la Silicon Valley pour lever des fonds avant chaque campagne. « En échange les entreprises de la tech’, Meta en tête, demandent des garanties et des faveurs en termes de régularisation » précise l’enseignant.
Mais cette liberté peut avoir des conséquences politiques et sociétales importantes. En janvier 2021, les partisans de Donald Trump, candidat malheureux à sa réélection après un premier mandat, marchent sur le Capitole à la suite d’appels lancés sur le célèbre réseau social de Zuckerberg. Ce dernier met un temps fou à comprendre que quelque chose de grave est en train de se produire, plongeant Facebook dans la tourmente.
Facebook, quand l’œuvre échappe à son créateur
« Il faut admettre qu’il a construit à partir de rien quelque chose de spectaculaire, un système de communication étendu à la moitié de l’humanité » analyse David Kirpatrick, biographe américain de Mark Zuckerberg. Un système dont le but est de « rendre le monde plus ouvert et plus connecté » argumente Zuckerberg le jour de l’entrée en bourse de son entreprise. Mais quand cette fameuse journée du 6 janvier 2021 des sympathisants d’extrême droite envahissent l’enceinte parlementaire américaine à Washington, Facebook est pointé du doigt.
Les algorithmes, qui font fonctionner le réseau, n’ont pas censuré les appels à la haine de ces insurgés. Ils les ont même mis en avant sur le fil d’actualité des utilisateurs.
Auditionnée à l’automne 2021 devant les parlementaires américains mais aussi en Europe, Frances Haugen, ancienne employée de Facebook devenue lanceuse d’alerte pointe « la responsabilité de cette intelligence artificielle et de son rôle dans la propagation de messages clivants ou extrémistes ». Pour elle, Mark Zuckerberg se voit comme « un défenseur de la liberté d’expression » mais le système qu’il a créé manipule les utilisateurs.
L’attaque du Capitole par les partisans de Donald Trump a donc renforcé le sentiment d’urgence à réglementer les plateformes, où se répandent la haine et la désinformation. Elle a marqué un tournant dans l’ascension de Mark Zuckerberg. Quelques mois plus tard, Meta, la maison mère de Facebook s’est séparée de 11 000 salariés sur les 87 000 que compte l’empire dans le monde.
A quelques jours du retour de Donald Trump à la Maison Blanche pour un second mandat, et alors que Meta a fait don d’un million de dollars au fond qui finance son investiture, quelle nouvelle carte Mark Zuckerberg tentera-t-il de jouer pour se rapprocher du futur président des États-Unis ?
Retrouvez le documentaire « Mark Zuckerberg, l’empereur de Facebook » mardi 1er janvier à 15h30 sur Public Sénat et en replay ici.