Les incendies monstres qui ravagent le nord-ouest de la seconde mégapole américaine sont toujours hors de contrôle, près d’une semaine après le départ des feux. Après une courte accalmie ce week-end, la ville californienne se prépare à un retour des vents violents, qui pourraient attiser le brasier. Selon un dernier bilan encore provisoire, cette catastrophe a déjà coûté la vie à 24 personnes.Des dizaines de milliers d’habitations et bâtiments ont été détruits ou endommagés par le feu.
Aucune victime française n’est, à ce stade, recensée par les autorités hexagonales. Idem parmi les très nombreux blessés. Mais la communauté française, très présente dans la région, a néanmoins été touchée elle aussi par les ravages de l’incendie, comme nous le rapportent deux sénateurs représentants les Français établis hors de France.
« Une solidarité organisée par la communauté française »
« 25 familles françaises ont perdu leur maison », détaille le sénateur Ronan Le Gleut (LR), qui s’est entretenu avec des élus consulaires et quelques compatriotes vivant leur place ces dernières heures. « La consigne principale, c’est de dire d’abord qu’il faut être très attentif aux consignes des autorités américaines. On parle de 1200 à 1500 Français qui ont dû évacuer. Il y a une solidarité organisée par la communauté française. Certains Français hébergent ceux qui ont dû quitter leurs maisons. » Pour rappel, près de 60 000 Français résident dans la vaste circonscription consulaire qui dépend de Los Angeles, qui s’étend bien au-delà des limites de la ville.
Les parlementaires, en lien régulier avec les représentants des autorités françaises sur place, mais également les conseillers des Français de l’étranger, évoquent la « très forte mobilisation du consulat général » de France, à Los Angeles, avec l’activation d’une cellule de crise en début de semaine dernière. Ronan Le Gleut note également la « réactivité » des services français pour refaire les titres d’identité qui auraient été égarés, dans le sinistre, ou brûlés.
« Le consulat a négocié des tarifs d’hôtels pour les Français »
« Le consulat a négocié des tarifs d’hôtels pour les Français, mais cette possibilité n’a pas été utilisée pour le moment », relaye également la sénatrice Sophie Briante Guillemont, elle aussi en contact étroit avec les conseillers des Français de l’étranger.
Ces derniers font souvent l’interface entre les ressortissants français et le consulat. « Les conseillers s’assurent que les Françaises et les Français qu’ils connaissent vont bien, et prennent directement contact avec eux », raconte la nouvelle sénatrice, dont le mandat a débuté au mois d’août.
Au rang des destructions matérielles, la France relève notamment la perte d’un des cinq campus du lycée français, à Pacific Palisades, l’un des quartiers les plus durement touchés par le sinistre. L’établissement accueillait les plus jeunes enfants de la communauté française, à un niveau correspondant à celui de l’école maternelle. « Les enfants sont aujourd’hui au Century City Campus, cela été très bien géré par le lycée français », salue Ronan Le Gleut.
« ll faut que le campus français puisse renaître de ses cendres »
L’enjeu principal, une fois que les soldats du feu auront pu venir à bout du désastre, reste la reconstruction. « Elle risque d’être très difficile, vu les montants en jeu », constate Sophie Briante Guillemont. Les chiffres grossissent de jour en jour. Environ 12 000 structures auraient été détruites par les flammes au cours des derniers jours. Et les assureurs américains estimaient, il y a trois jours, à près de 60 milliards d’euros le coût global de cette catastrophe sans précédent dans l’histoire de la ville. Une longue attente attend désormais les sinistrés, face à l’ampleur du travail d’estimation, puis d’indemnisation.
Pour Ronan Le Gleut, cette crise remet au goût une proposition de loi, adoptée par le Sénat en juin 2020, en pleine première vague du Covid-19. Cette initiative, dont le sénateur était le premier signataire, visait à créer un fonds d’urgence pour les Français de l’étranger, victimes de catastrophes naturelles ou d’événements politiques majeurs.
« Ce fonds reste totalement d’actualité. La destruction d’un campus français est un cas parfaitement légitime d’utilisation de ce fonds. C’est quand même un événement grave. Il faut d’abord saisir les assurances, mais dire aussi que l’Etat sera là, exprimer la solidarité gouvernementale. Il faut que le campus français puisse renaître de ses cendres. Ce message de solidarité est nécessaire. Si on avait ce fonds, que j’ai fait voter au Sénat, cela permettrait d’enclencher les choses rapidement », plaide le parlementaire.