Ses parents le voulaient médecin, il se rêvait acteur, et il est devenu auteur-compositeur-interprète. Incarnation du métissage, du vivre-ensemble, de la polyphonie du monde, Dany Brillant s’est inspiré des plus grands : Charles Aznavour, Jacques Brel, Boris Vian… Il a enregistré ses disques à Cuba, Porto Rico, Londres, Rome, le quartier de Saint-Germain-des-Prés à Paris, s’est inspiré du jazz et a popularisé le swing en France. Quel regard a-t-il sur la société actuelle ? N’est-il qu’un grand nostalgique ? Le mélange des cultures est-il encore possible de nos jours ?
« La nostalgie, ce n’est pas vivre dans le passé » pour Dany Brillant
Si pour le chanteur, l’ « âge d’or » de la musique est passé, il continue de puiser dans celui-ci pour réinventer son art. L’envie de colorer le monde est un moteur pour Dany Brillant. « Aujourd’hui, on est dans une époque un peu morose, mais j’ai senti que j’avais apporté cette joie à nouveau avec le swing », explique l’artiste, inspiré par le courant existentialiste d’après-guerre. « Les médias ont intérêt à ce que les gens soient tristes. On dirait qu’ils consomment plus, j’ai l’impression qu’il y a un lien avec la peur. Je n’ai pas envie de tenir ce message, j’ai juste envie de dire que la vie est belle », affirme Dany Brillant.
Lui qui dit être ennuyé par la nostalgie, il en a une définition qu’il reprend à Victor Hugo : « La nostalgie, c’est le bonheur d’être triste ». Il nuance : « Mais la nostalgie, ce n’est pas vivre dans le passé, je crois qu’il y a des belles choses qui se sont faites et elles sont intemporelles, éternelles », explique-t-il. Le chanteur veut « se servir du passé comme d’une base et recréer quelque chose de moderne ».
Le vivre-ensemble, un horizon utopiste ?
L’interprète né au bord de la Méditerranée dit avoir « grandi dans les cultures arabe, juive, italienne, grecque, turque ». Après le départ de sa famille de Tunisie, il a vécu en HLM à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne). Les enfants du « bâtiment des Portugais » ou du « bâtiment des Algériens » se mélangeaient et « on jouait tous ensemble au football dehors », se souvient-il. Une époque où « il n’y avait jamais eu de problème » selon Dany Brillant, qui se remémore les fêtes religieuses célébrées chez les uns et les autres, avant d’ajouter qu’avec le swing : « Les gens dansent ensemble, en couple. Il y a un rapprochement humain où tout le monde peut danser dans une salle, les noirs et les blancs, les gens d’âges différents, il y a une communion à travers ces musiques-là ».
Quant aux difficultés que pourrait connaître le vivre-ensemble de nos jours, l’artiste reste optimiste : « Je me dis que c’est passager, à un moment les gens vont réfléchir et vont s’apercevoir qu’on est beaucoup plus heureux quand on est tous ensemble que quand on se regarde avec méfiance ». Avant de dénoncer « les meneurs d’opinion » qui œuvrent contre cet idéal. Selon lui, « il y a aussi des gens qui montent les uns contre les autres ».
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