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Centre des monuments nationaux : les sénateurs au chevet de son modèle économique 

En temps normal, l’été est propice à la visite de l’Arc de Triomphe, du Panthéon ou de la Conciergerie pour les touristes. Mais cette année, Jeux olympiques et paralympiques obligent, les nombreux visiteurs présents à Paris se sont peu rendus dans ces monuments. Les édifices de la capitale représentent près de la moitié de la fréquentation des Centres des monuments nationaux (CMN) et ont un poids considérable dans son économie. Cette baisse de clientèle pourrait donc entraîner une diminution des ressources de l’établissement public sous tutelle du ministère de la Culture dont la mission est la gestion, l’entretien et la mise à disposition de 110 bâtiments en France.

Le nombre de visiteurs a augmenté d’un quart en dix ans

Pas de quoi paniquer, mais des ajustements doivent être faits pour Vincent Éblé, sénateur Parti socialiste de Seine-et-Marne et Didier Rambaud, sénateur RDPI (Renaissance) de l’Isère. Ils présentent leur rapport de contrôle budgétaire sur le CMN, à la commission des finances du Palais du Luxembourg ce mercredi 18 septembre. Son intitulé : « Le Centre des monuments nationaux : Un succès pour la politique du patrimoine, un modèle économique à préserver ». Ils félicitent la structure crée en 2000 d’avoir atteint un record de fréquentation en 2023 avec plus de 11,6 millions de personnes. Le nombre de visiteurs a augmenté d’un quart en dix ans. « L’impact de la crise sanitaire a été très limité dans le temps et s’est conclu par un retour rapide et massif du public », souligne le rapport. A noter une forte dépendance aux visiteurs internationaux, particulièrement dans les monuments parisiens.

Autre bonne nouvelle pour l’établissement public, ses ressources ont augmenté de 157 % entre 2014 et 2023. Soit un total de 220 millions d’euros et même 135 millions d’euros supplémentaires en dix ans. Les recettes propres de l’établissement, en premier lieu la billetterie, permettent de l’autofinancer à hauteur de la moitié du total de son budget. « S’ils ont augmenté de 55 % en dix ans, les financements apportés annuellement par l’État représentent toutefois en 2023 un peu plus de la moitié des recettes du CMN contre seulement 17 % en 2014 », nuancent les sénateurs.

Les dépenses en hausse de 130 % entre 2014 et 2023

Mais c’est là que le bât blesse. « Si les recettes du CMN sont très dynamiques, elles peinent à suivre l’évolution des dépenses, elles aussi en forte hausse », relèvent Vincent Éblé et Didier Rambaud. Ces dernières ont augmenté de 130 % entre 2014 et 2023. Elles sont passées de 116 à près de 270 millions d’euros. Le rapport observe aussi que « cette trajectoire haussière n’a pas été interrompue pendant la crise sanitaire. Le montant total de dépenses par année du réseau a doublé entre 2017 et 2023 ». La cause est connue. L’accélération des investissements et la mise en place de grands chantiers. On peut relever la rénovation de l’hôtel de la Marine sur la place de la Concorde ou celui de la Cité de la langue française à Villers-Cotterêts. La croissance des coûts est aussi tirée par celle des dépenses personnelles « qui ont crû de 50 millions d’euros en près de dix ans, essentiellement du fait des revalorisations salariales ». Face tout ça, le rapport indique que l’augmentation continue des subventions d’investissement ne peut constituer une solution. Le Centre des monuments nationaux sera sûrement contraint de repousser des projets alors qu’il estime à 270 millions d’euros le besoin de financement pour l’entretien des édifices en situation de péril ou de mauvais état. Pour les sénateurs, c’est clair : « La cadence des dernières années ne paraît pas pouvoir être maintenue ».

Le principe de péréquation en danger

Le CMN a également souffert du départ du réseau, entre 2005 et 2007, de grands monuments très fréquentés. Par exemple, le château de Chambord ou celui de Chaumont-sur-Loire. Et les quelques entrées n’ont pas permis de compenser ses sorties. La dégradation économique s’est accentuée au cours des dernières années. « Les recettes propres des monuments excédentaires permettaient de financer à hauteur de 71 % en 2019 le déficit cumulé de tous les autres. En 2023, cette proportion n’était que de 28 % », apprend-on. Pour les rapporteurs, ce constat conduit à une fragilisation du principe de péréquation, le réseau dépendant toujours plus de quelques monuments.

Une liste de recommandations

Pour faire face au danger économique qui guette le Centre des monuments nationaux, les deux sénateurs proposent une liste de recommandations. Parmi celles-ci, ils souhaitent développer le rôle du CMN en matière d’animation et d’offre culturelle dans les territoires pour augmenter la fréquentation par les publics locaux. Relever les tarifs des billets des grands monuments parisiens pour les aligner sur les autres opérateurs culturels de la capitale. Mettre en place un plan prévisionnel de restauration privilégiant les opérateurs d’entretien et d’investissement courant en y intégrant des objectifs d’autofinancement. Ou encore, stabiliser à court terme l’évolution du parc de monuments en allouant les ressources découlant de la croissance des recettes propres aux monuments d’ores et déjà en gestion.

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