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Budget : « Au-delà du vote contre, la vraie question est de savoir si nous ferons le choix ou non de censurer ce gouvernement », affirme le RN Thomas Ménagé

Le « oui » est franc. Thomas Ménagé, député RN du Loiret l’a explicité dans la matinale de Public Sénat, quelques heures avant le début de l’examen du projet de loi de finances pour 2025 par les députés en séance publique : son groupe ne votera pas ce budget présenté par Michel Barnier. En dehors des mesures présentées, le porte-parole du groupe a avancé la simple appartenance à l’opposition du RN pour se justifier, voter le budget équivaudrait à soutenir explicitement le gouvernement : « Nous sommes dans l’opposition, alors sauf si M. Barnier ouvre les yeux et reprend l’intégralité du contre-budget du RN… Mais Noël est dans deux mois et je n’y crois plus malheureusement. »

Le « bénéfice-risque » du vote de la censure

Pour le député du Loiret, l’enjeu est ailleurs : il s’agit de savoir si les 125 députés RN et apparentés voteront la censure du gouvernement, dans le cas d’une motion de censure déclenchée par l’activation du 49-3 par le Premier ministre. « La vraie question est de savoir si, s’il y a 49-3, nous ferons le choix, ou non, de censurer ce gouvernement. » explique Thomas Ménagé. « C’est-à-dire à quel moment nous censurons ce gouvernement parce que le budget est tellement grave, tellement dangereux, pour les Français, pour le pouvoir d’achat et pour notre économie », poursuit-il. La décision serait donc suspendue aux choix faits par le gouvernement de reprendre ou non les amendements déposés par les députés pendant la discussion du texte initial.

Interrogé par Oriane Mancini sur les lignes rouges qui feraient pencher la balance du côté de la censure, Thomas Ménagé a avancé un « équilibre » : « Une baisse du pouvoir d’achat sur les classes populaires et moyennes et une hausse des taxes sur les classes populaires et les classes moyennes » justifieraient une censure. Et le député de faire la liste des éléments présents dans le texte initial qui alimente cette possibilité : « On le voit avec la taxe sur l’électricité, avec l’augmentation des malus automobiles, l’augmentation des prix des billets d’avion, l’augmentation des mutuelles avec la baisse des remboursements des consultations chez les médecins… Ça, ce seront des éléments qui dans leur globalité peuvent permettre d’envisager une motion de censure. » Avec un fil directeur : « Nous avons toujours été clairs, c’est-à-dire de faire peser le budget et les économies du budget réellement sur des économies, c’est-à-dire sur le train de vie de l’Etat et non pas sur les Français. »

« C’est notre rôle de bloquer le budget »

Alors que le RN s’est souvent placé en défenseur de l’ordre, Thomas Ménagé s’est défendu de vouloir entraîner un « chaos institutionnel » avec le vote d’une motion de censure : « La motion de censure est un outil très puissant qui est prévu dans la Constitution et à partir duquel il faut se poser la question du bénéfice-risque. » justifie-t-il. « Mais à partir du moment où la situation sera tellement catastrophique pour notre économie, parce que le budget est trop néfaste pour les Français, c’est aussi notre rôle de bloquer le budget et l’outil que nous avons c’est de voter une motion de censure. » conclut-il.

Le député du Loiret a également dénoncé l’attitude du gouvernement vis-à-vis de la vente par Sanofi d’Opella, sa filière responsable de la production du Doliprane. « Je regrette cette énième trahison vis-à-vis de nos fleurons. » « Un fonds de pension américain ne tiendra pas ses engagements le moment où économiquement ne sera plus rentable », attaque le frontiste. Pour le député, la question est également de savoir si l’entrée au capital de l’entreprise par la BPI pourra garantir au gouvernement une « golden chair », une position qui lui garantirait un droit de veto. La participation au capital d’Opella devrait se porter à hauteur de « 1 à 2 % » a-t-on appris lundi matin lors d’une conférence de presse des ministres de l’Economie Antoine Armand et de l’Industrie Marc Ferracci. Thomas Ménagé a également réclamé le blocage de la vente, tout comme la France Insoumise, une possibilité offerte par des décrets dits « Montebourg », qui permet au gouvernement de mettre son veto aux investissements étrangers dans certains secteurs clés, dont la santé publique.

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