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La police française demande le « pourcentage d'absentéisme » pour l'Aïd

Une centaine d'établissements scolaires de Toulouse (Occitanie) et sa banlieue ont reçu un courriel de la Police française, le 26 avril dernier, leur demandant le taux d'absentéisme des élèves au 21 avril, soit le jour correspondant à la fête musulmane de l'Aïd-el-Fitr.

Selon l'information rapportée par le journal La Dépêche, l'e-mail a été envoyé par les « Correspondants Police Sécurité École » du commissariat du secteur Toulouse-Rive Gauche, à la demande des services de renseignement.

Les renseignements territoriaux ont envoyé un courriel similaire, le 11 mai, à des établissements scolaires de l'Hérault. "À la demande des services de renseignement et pour effectuer un bilan sur cette journée, nous vous sollicitions pour connaître le taux d'absentéisme le vendredi 21 avril, lors de la fête de l'Aïd. Merci de nous faire un retour rapidement", a indiqué la missive, selon l'information rapportée par le journal régional.

Une copie de la missive a été publiée sur les réseaux sociaux par le Collectif contre l'islamophobie en Europe (CCIE).

"Nous sommes interrogés sur l'absentéisme scolaire au cours de la période du Ramadan qui s'est déroulé du 22 mars au 21 avril et particulièrement sur la journée du 21 avril, jour de l'Aïd. Aussi, je vous remercie de répondre à ces questions par retour de mail avant lundi 15 mai à 17h. Le Ramadan a-t-il eu un impact sur l'absentéisme ? Si oui, pouvez-vous estimer son augmentation sur la période du Ramadan hors fête de l'Aïd, par rapport aux taux d'absentéisme ordinaires ? (+ 5%, +10 %...?). Quel a été le taux d'absentéisme de la journée du 21 avril (fête de l'Aïd) ?", a écrit la police.

Adressée principalement à des établissements des quartiers populaires de Toulouse, l'enquête vise ouvertement à établir des statistiques du nombre d'élèves musulmans dans les écoles. La commande émanerait du ministère de l'Intérieur, et serait en réalité une directive nationale, selon le quotidien.

Le recteur de l'Académie de Toulouse a démenti toute implication de la part du ministère de l'Éducation et a déclaré avoir donné consigne aux établissements scolaires de ne pas répondre à cette requête, dès qu'il a été informé de cette demande. Le recteur a souligné que les renseignements territoriaux n'ont pas informé le rectorat ou le Directeur académique des services de l'Éducation nationale.

Un ciblage raciste contre les musulmans

Interrogé par France 3 Occitanie, le président de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) de Haute-Garonne, Jean-François Mignard, a dénoncé le ciblage des musulmans. "Ce n'est pas quelque chose que l'on demande aux personnes de confession chrétienne ou juive par exemple", a-t-il souligné, faisant état d'une grave une atteinte aux droits fondamentaux.

Il a déploré une situation, dans laquelle il faut rappeler aux fonctionnaires que la liberté de conscience et la liberté de culte sont garanties par l'État. Comme le rectorat de l'académie de Toulouse, celui de Montpellier a sommé les établissements de ne pas répondre à ce courriel.

D'autant que les enseignant-e-s des établissements concernés ont refusé cette enquête "scandaleuse", qui a été dénoncée par le syndicat SUD Éducation 31-65 dans un communiqué adressé à la préfecture, au rectorat et à la presse.

Le syndicat SUD Éducation 31-65 dénonce

"Les missions officielles des Correspondants Police Sécurité Ecole sont "la sécurisation des établissements scolaires et le suivi de la délinquance'. En quoi cette demande est elle en lien avec la délinquance et la sécurité ? Elle fait suite 'à la demande des services de renseignements'. En quoi cette donnée d'absentéisme concerne la police ?", a écrit le syndicat.

"N'en déplaise à l'inspectrice de l'éducation nationale qui a confirmée aux directeur-trices de sa circonscription qu'il fallait répondre à cette demande, les enseignant.es ne sont pas les relais des services de renseignement à l'encontre de leurs élèves !".

Le syndicat a assuré que "nous voyons là une dérive grave, une stigmatisation des élèves musulman-es et une atteinte à leur liberté de conscience". De plus, "nous avons constaté que la grande majorité des établissements visés se situent dans une zone qui correspond aux quartiers des établissements REP / REP+ et aux établissements qui accueillent les élèves des deux collèges de Reynerie et Bellefontaine ayant fermés dans le cadre du projet dit de 'mixité sociale'".

Le syndicat atteste que "la demande des services de renseignement ainsi relayée, vise essentiellement les réseaux d'éducation prioritaire en cours de démantèlement sous couvert de 'mixité sociale'. Au regard des discours tenus depuis le début de ce projet et dans le dernier bilan du conseil départemental, force est de constater encore une fois la manière dont se décline une politique raciste dans les établissements scolaires".

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